Les images impossibles sont-elles apparues au XXème siècle ou existent-elles depuis toujours ?
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Introduction Avant le XXème siècleApparition au XXèmePourquoi à ce moment-là ? Synthèse Bibliographie

I Avant le XXème siècle

1. Constat

Portrait de la vierge, Périopes d'Henri II
Portrait de la vierge
Fausse perspective de Hogarth
Fausse perspective

En cherchant bien on peut retrouver des traces d'images impossibles (plus ou moins confuses) dans des peintures ou des gravures anciennes. Dans le livre des Péricopes d'Henri II datant d'avant 1025, figure un portrait de la Vierge où la position des colonnes est paradoxale. Cependant il est plus que raisonnable de penser que cette erreur n'était pas voulue mais qu'elle venait plutôt d'une erreur de compréhension de la perspective. En effet au Moyen Âge, on assiste à un apparent retour en arrière au niveau de la perspective. Les progrès réalisés dans l'antiquité sont remis en question et jusqu'au XVème siècle les représentations picturales vont privilégier les qualités narratives de l'image. Cependant dans le cas de la gravure de William Hogarth le dessin est délibéré. Il faut donc s'intéresser à la définition d'une image impossible.

2. Définition

Ecrou impossible
Ecrou impossible

Au premier coup d'œil, une figure impossible semble représenter un objet tridimensionnel habituel, mais son examen détaillé révèle une impossibilité : aucune interprétation du dessin entier ne semble concevable. La figure impossible tend un piège à notre système visuel.

Zenon Kulpa propose la définition suivante d'une figure impossible : « L'image d'un objet impossible est une figure plate qui donne l'impression d'être un objet à trois dimensions, alors que cette figure ne peut exister telle que nous l'interprétons dans l'espace, c'est à dire que si nous essayons de la construire nous nous trouverons devant des contradictions spatiales clairement visibles pour l'observateur ». En somme, devant une figure impossible, l'esprit est saisi par une interprétation paradoxale de l'espace : le vrai et le faux, la plausibilité et la contradiction, sont simultanément ressentis et provoquent un très bref vertige intellectuel.

3. Principe

Le fonctionnement général d'une image impossible est le suivant : chaque partie de la figure est interprétée immédiatement par notre cerveau comme la représentation d'un objet de l'espace, et c'est seulement en passant d'une partie à l'autre et en tentant de concilier l'interprétation des différents morceaux, que le caractère paradoxal de la figure se manifeste. Selon les figures, il s'agit :

— de deux plans qui ne devraient pas se rejoindre, parce que l'un est plus éloigné que l'autre, et qui pourtant le font;
— d'une face de l'objet représenté qui selon la façon dont on la regarde, est vue de dessous ou de dessus;
— d'une zone dans le dessin qui, semble pleine ou vide selon qu'on la regarde avec une partie du dessin ou avec une autre;
— d'un angle joignant deux plans, qui est « en creux » ou « en bosse »; etc...

Aussi étonnant que cela puisse paraître, toute les figures dites « impossibles » sont possibles. En effet plusieurs théorèmes permettent de rendre ces images possibles et on peut réaliser des objets dans l'espace qui, lorsqu'on les photographie sous un certain angle, produisent sur la photo les figures voulues. Voir l'exemple du triangle impossible animé

La contradiction que l'observateur croit percevoir au sein même de ces figures provient des hypothèses simplificatrices que fait notre esprit et qui le conduisent dans des impasses interprétatives. Dans la plupart des situations courantes, ces hypothèses (par exemple « les surfaces délimitant les objets sont des bouts de plan » ou « ce qui apparaît rectiligne sur le dessin est effectivement une droite de l'espace ») lui permettent de déchiffrer rapidement et correctement les images du monde réel. Dans le cas des figures impossibles, ces hypothèses conduisent à imaginer des agencements relatifs de surfaces et de volumes qui ne sont pas compatibles d'une partie du dessin à une autre. Le système visuel piégé ne trouve pas le moyen de revenir en arrière sur les interprétations partielles qu'il produit alors que de telles remises en cause le conduiraient à une solution de l'apparent paradoxe. Il tourne alors en rond dans la recherche vaine d'une interprétation globale qui existe pourtant, mais qu'il ne découvre jamais.

4. Synthèse

Nous avons vu que les images impossibles sont une interprétation paradoxale dans l'espace. Elles ne peuvent donc pas exister sans la représentation en trois dimensions. Il est donc nécessaire d'utiliser la perspective pour concevoir une figure impossible et enfreindre certaines lois de celle-ci.

Si l'on considère que les images impossibles sont des erreurs de perspective, nous pouvons affirmer que celles-ci existent depuis que l'homme commence à dessiner. Cependant, tous les exemples d'images impossibles que nous avons vu jusqu'ici ne sont que des fautes involontaires de perspective.

Quand est-ce qu'on voit apparaître des images impossibles volontaires ?

Deuxième partie →

© Marc, Guillaume, Anton — 2007